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1864

 

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2 janvier 1864
création chantier Scott

Le journal des ingénieurs civils anglais annonce que le Lafayette, premier des steamers construits en Ecosse pour la Compagnie transatlantique française, fera prochainement son apparition au Havre. Le Washington, lancé en juin dernier, avance rapidement, et la troisième coque descendra du chantier avant la fin du mois. Cinq autres navires doivent encore être construits pour la même Compagnie, mais, en France, à Saint-Nazaire.

Voici quelques détails sur le Lafayette longueur, 106 mètres largeur, 13 mètres 70 hauteur delà coque, 9 mètres 40. Cette hauteur divisée en quatre étages ou ponts le supérieur est lui-même entièrement couvert, suivant l'usage de la compagnie péninsulaire anglaise. Le navire jauge 3,400 tonnes; il est installé pour trois cents passagers, mille tonneaux de marchandise et quinze cents tonneaux de houille en soute. La machine a 850 chevaux de force nominale, et elle appartient au système de Watt, dit à balanciers latéraux Ces balanciers sont en fer forgé et fabriqués en France.

Les cylindres à vapeur ont 2m37 de diamètre sur 2m88 de course; les roues à aubes ont 11m40. La vapeur sera fournie à la machine par quatre corps de chaudières tabulaires pesant chacune 60,000 kilog. Ce navire, construit par Scott, est regardé comme une œuvre magnifique. Il comptera, en outre, comme un des plus grande qui existent même en Angleterre, ou les bâtiments en viennent peu à peu à des dimensions colossales; lie vaisseau cuirassé Northumberland en est un exemple.

 Ce géant, qui ne le cède pour les proportions qu'au Great-Eastern, s'achève sur la Tamise, à Millwal. Il porte 50 canons du plus fort calibre et jauge 7.000 tonneaux il a 122m de long sur. 18m24 de large et 12m60 de creux; il cale 7m30. Sa double machine, dite à fourreau, du système Penn, a 1 250 chevaux de force nominale, représentant environ 6 000 chevaux de force effective. On espère lui faire atteindre une vitesse de quatorze nœuds, qui serait aussi celle du Lafayette.

 

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10 mars 1864
TEMPETE

Une tempête épouvantable s'est également déchaînée sur Saint-Nazaire l'avant-dernière nuit. La marée est montée à une hauteur extraordinaire et a submergé les alentours du bassin. La tempête continue.

Jusqu'à hier on n'avait heureusement signalé aucun sinistre; Nous recevons de Nantes des indications à peu près semblables.

La marée sera également très forte aujourd'hui et demain.

 

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30 mars 1864
CONSTRUCTION

Le premier des cinq grands bâtiments transatlantiques en construction à Saint-Nazaire sera mis à l'eau vers la fin d'avril prochain. De grandes fêtes seront données, dit-on, à cette occasion.

 

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15 avril 1864
voitures

Les voitures du nouvel empereur du Mexique sont arrivées avant-hier à Saint-Nazaire pour être embarquées à destination de Veracruz

 

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17 avril 1864
CONSTRUCTION

La mise à l'eau du premier des paquebots transatlantiques construits à Saint-Nazaire est définitivement fixée au 23 avril. Cette opération présentera. un vif intérêt par suite des dimensions colossales de ce bâtiment, qui mesure près de 110 mètres de long et 24 mètres roues. Le lancement aura lieu vers quatre heures de l'après-midi et parait devoir attirer une' foule de curieux. On nous assure que l'on prépare à, cet effet des trains de plaisir

 

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26 avril 1864
CONSTRUCTION

le paqnebot de 900 chevaux de la Compagnie nie, destiné à la ligne du Mexique, a été lancé samedi, à Saint-Nazaire, très heureusement, au milieu d'un immense concours de population et d'un grand enthousiasme.

 

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28 avril 1864
le baptême et le lancement

Saint-Nazaire vient d'avoir sa fête le baptême et le lancement du paquebot à vapeur gigantesque l'Impératrice Eugénie, appartenant à la Compagnie générale transatlantique.

Voici, d'après les évaluations de M. Emile-Renaut, rédacteur du Moniteur, les proportions du géant le nouveau navire l'Impératrice-Eugénie est un grand paquebot à spardeck, d'une longueur de 106 mètres 50 centimètres; les steamers Persia et Scotia, de la Compagnie Cunard, dépassent seuls cette longueur de 2 ou 3 mètres. La largeur, de 13 mètres 40 centimètres, comparée à l'immense longueur, laisse au bâtiment une finesse proportionnelle très élégante. Le creux est de 9 mètres 60 centimètres. Le déplacement en pleine charge s'élève à 5,650 tonneaux, et le tirant d'eau moyen est de 6 mètres et demi.

Un appareil moteur à roues, d'une force nominale de 900 chevaux, entraîne cette immense masse avec une vitesse de 13 nœuds l'heure ] e Washington, dé là même compagnie, construit sur les mêmes plans, a atteint une vitesse de 13 nœuds 5.

L'Impératrice-Eugénie devra parcourir 3,600 milles (de St-Nazaire à la Martinique) sans renouveler son approvisionnement de combustible; il lui faudra donc emporter tonnes de charbon. Malgré cela 300 passagers et 900 tonnes de marchandises y trouveront place encore.

La Compagnie générale Transatlantique rend des services immenses qui augmenteront encore dans l'avenir. Pour les faire géographiquement comprendre au moins lettré de mes lecteurs, il me suffira d'une simple assimilation.

Dans les relations d'un monde à l'autre, de l'Occident avec l'Orient, ce ne sont pas les marchandises à échanger qui manquent. Ce sont les Commissionnaires pour les transporter.

Constantinople, l'Inde, la Chine ne sont si loin que parce qu'il n'y a pas de services maritimes nombreux pour y arriver.

Que demain la flotte commerciale de la Compagnie des Transatlantiques soit complète Et l'Océan est fréquenté comme une route pavée. et les forêts de l'Inde deviendront le verger de Paris.

 

 

28 avril 1864

 

LANCEMENT

Voici commuent, dit M. Emile Renaut, s'est opéré le lancement de L'impératrice Eugénie

Le navire maintenu de chaque côté, d'un bout à l'autre par un double rang, de fortes poutres, comme une cathédrale par ses arcs boutants, repose dans son berceau légèrement incliné. Ce berceau est ajusté sur une espèce de montagne russe à faible pente, soigneusement graissée, pour faciliter le glissement quand les étais et les clés seront tombés.

En même temps les charpentiers se mettent à l'œuvre pour débarrasser le bâtiment de ses étais. C'est merveille de les voir se laisser glisser du haut du pont le long d'une corde pour venir adirer cette corde au faîte des poutres et remonter aussitôt comme des gymnasiarques, pour recommencer cette vigoureuse voltige. Dès qu'un étai est amarré par le haut, huit hommes, maniant un bélier, l'en frappent par le bas, et la poutre tombe, maintenue par l'amarre qu'on laisse glisser du pont.

Tous les étais enlevés, le navire n'était plus retenu sur son plan incliné que par deux clés à l'avant (il faut savoir que, selon l'habitude, le paquebot se présentait à l'eau par l'arrière ainsi, l'avant était à la partie haute du plan). Il s'agissait donc de faire tomber ces deux clés pour donner l'essor à l'Impératrice-Eugénie.

Autrefois, une méthode barbare jetait un condamné sous le navire, pour couper la dernière amarre, et le misérable ne manquait guère d'être écrasé par le colosse auquel son coup de hache ouvrait l'espace. S'il avait le temps de se précipiter dans un trou creusé près de là pour l'abriter, le remous de l'eau déplacée par le bâtiment venait l'y asphyxier. D'une ou d'autre façon, le baptême d'un navire était la mort d'un homme.

Ici nous croyons que M. Emile Renaut exagère. L'opération qu'il décrit n'offrait pas un danger aussi imminent et, dans les souvenirs des habitants des ports de mer, il existe peu d'exemples de mort d'homme pendant les lancements de navire.

M. Emile Renaut a assisté hier à un plus gracieux spectacle. Mme Goyetche, femme de l'habile directeur de la Compagnie Transatlantique  est montée sur-une estrade élevée en retrait de l'avant. Il se fit dans ta foule un grand silence. Mme Goyetche avait à la main une mignonne hachette elle frappa d'un léger coup une cordelette un bruit sourd, comme un coup de canon lointain, se fit entendre; c'étaient les deux clés qui tombaient sous le poids de deux moutons que la cordelette retenait suspendus au-dessus d'elles.

Aussitôt doucement, lentement, le paquebot glissa sur-le plan, sans secousse, d'une allure placide et majestueuse et il entra dans l'eau comme un triomphateur dans une ville conquise, faisant fumer les madriers sur lesquels il descendait et craquer les solives de son berceau.

Je me souviens encore des petits paquebots qui faisaient, il y a trente ans, le service Calais Douvre; l'un d'eux Lord-Melvil, excitait l'admirations des curieux malgré ses petites dimensions et le peu de puissance de sa vapeur.

Quelle différence avec ce paquebot nouveau, qui peut, avec quelques escales, faire le tour du monde!

Lutter contre tous les océans!

Et combien on reconnaît, dans son étendue et sa perfection, le progrès scientifique accompli.

Bon voyage, au gracieux et puissant navire, qui porte un nom puissant et gracieux. Chacun des sillons que son hélice creusera dans la plaine liquide rapprochera les peuples, les littératures, les arts les plus opposés.

Et il n'y aura plus d'antipodes quand chacun de nous pourra visiter la Grande Pagode ou le tombeau de Mahomet avec vitesse et sécurité.

Timothée TRIMM.

 

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10 juin 1864
LIGNE REGULIERE

Hier a commencé le service quotidien par bateaux à vapeur entre la ville de Saint-Nazaire et l'île de Belle-Ile

 

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14 septembre 1864
paquebot-poste

Le paquebot-poste la Floride, de la Compagnie générale transatlantique, a mouillé le 11 septembre, midi, sur rade de Saint-Nazaire, après une rapide traversée- Ce paquebot apporte, des nouvelles du Mexique du 14 août.

II y a à bord quatre-vingt-neuf passagers, deux cents tonneaux de marchandises et deux millions de francs à fret, dont quinze cent mille francs pour le gouvernement français. Les passagers ont été admis en libre pratique et immédiatement débarqués.

 

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20 novembre 1864

 

l'aventure d'Alphonse Denis, âgé de douze ans et demi

 

Hier, dit un journal de Nantes, vers trois heures de l'après-midi, une heure avant la pleine mer, et au plus fort de l'ouragan qui soufflait avec violence depuis le commencement du flot, une petite chaloupe qui paraissait chargée entrait sur sa misaine dans notre port. La manœuvre qu'elle faisait était très régulière; mais bientôt elle échoua sur la vase.

Le syndic des gens de mer et le patron de la péniche, garde-pêche de Mesquer se rendirent à bord, ou ils ne trouvèrent qu'un petit mousse de douze ans et demi qui leur rit le rapport suivant

Cette chaloupe se nomme la Vipère de Saint-Nazaire

Elle est attachée au service du pilotage; sortis de Saint-Nazaire pour aller croiser au large de Belle-Isle, le mauvais temps nous a contraints à relâcher à Belle-Isle, où nous avons passé la nuit derrière.

 

le récit :

— Ce matin, le temps s'étant embelli, nous avons mis à la voile, mais ta brise ne tarda pas à recouvrer toute sa force, et la mer, qui brisait de tous côtés, déferlait sur notre pont et le couvrait entièrement.

Je dis, au patron Touplain que nous avions trop de toile dessus; il ne m'écouta pas, tant il était occupé Cependant nous approchions toujours de la chaîne des roches du Four, et nous étions trop près de la tour pour être en bon chenal. Tout à coup la chaloupe talonna sur les rochers, par l'effet du choc elle vint en travers, et les vagues, qui étaient aussi hautes que ses mâts, la firent coucher sur le côté.

Nous nous cramponnâmes au plat-bord qui était hors de l'eau; mon patron coupa la bosse du petit canot que nous avions à la traîne, et il me demanda en sautant dedans si je voulais le suivre. Sur ma réponse que je voulais rester sur la chaloupe, il poussa au large et s'en alla, mais il n'avait pas fait trois longueurs, que canot et homme disparurent la mer avait tout englouti. Alors la chaloupe tourna sur elle-même de manière à présenter son pont et sa mâture au vent, un brisant l'enleva, et le vent prenant aussitôt dans ses voiles la redressa.

Voyant la chaloupe relevée sans être trop chargée d'eau, je fis de mon mieux pour orienter la misaine, j amenai le taille-vent que je ne pus serrer sur le pont et qui tomba le long du bord, el je dirigeai la chaloupe vers la terre la plus proche afin de pouvoir me sauveur. Il pouvait être en ce moment une heure après-midi. Ne connaissant pas la cote, je ne savais quelle route faire afin de pouvoir éviter les rochers.

Je passai entre Piriac et 1'île du Met et je laissai toujours courir le fond de la haie, espérant entrer à Port-Navalo telle était du moins ma conviction, Mais bientôt j'aperçus par-dessus la côte la mâture des navires mouillés dans ce port, et je me suis sauvé. J'entrai sans accident, en laissant la balise à tribord, et je vins me mettre en plein sur ses vases, no pouvant mouiller mon ancre, dont la chaîne se trouvait engagée.

Je suis natif de Saint-Nazaire, je me nomme Alphonse Denis, je suis âgé de douze ans et demi, et il y a six mois que je navigue à bord des bateaux pilotes.

 

Le récit d'un acte de courtage aussi extraordinaire de ta part d'un enfant de douze ans a vivement excité l'admiration de la population maritime de Nantes. Lorsque le syndic de la marine conduisit ce brave garçon à son domicile afin de lui faire donner tous les soins qu'exigeait sa position, Denis reçut une espèce d'ovation de la part de nos marins qui se pressaient autour de lui.

Les habitants de Kercabelec sortaient, en foule sur son passage; les hommes le félicitaient en l'encourageant à poursuivre une carrière courageusement commencée, et les femmes le faisaient voir il leurs fils en pleurant tous les jeunes marins le suivirent en silence jusqu'au bureau de la marine.

 

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