
1904
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7 janvier 1904
Un équipage sans rôle.
Le tribunal de Saint-Nazaire acquittait le 12 novembre dernier les marins Lucien Le Darze et William Bartho, poursuivis pour avoir navigué sans posséder un rôle d'équipage.
Ces deux hommes sont au service de M. Victor Carré, comte de Lusançay, qui établi entre le Croisic et Penbron un service de bateau fait par deux petits canots automobiles dont l'équipage de l'un d'eux, le Penbron, ne possédait pas de rôle. l'équipage du second, le Croisicais, était, parait il, eu règle avec la loi, mais le jour où l'administration de la marine demanda au patron Le Darze son rôle, celui-ci ne l'avait pas, il était, parait-il, chez lui.
Me Maulion qui, à Rennes, défendait les marins, l'administration ayant fait appel du jugement de Saint-Nazaire a prétendu que le Penbron n'avait jamais eu, au vu et au su des employés de la marine, de rôle d'équipage, et que le Croisicais avait marché pendant deux mois dans les mêmes conditions.
Il a donc demandé la confirmation des jugements.
Arrêt à huitaine.
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8 janvier 1904
L'équipage du « Faulconnier »-Long cours
Le Havre, 7 janvier. Dans nos dépêches du 2 janvier, nous annoncions que le trois-mâts français Faulconnier, avait fait côte à 60 milles de Cork et que l'équipage avait été sauvé.
Ce navire, gréé en trois mâts-barque, appartenait à la Société des Voiliers Dunkerquois (maison Vouinard et Cie). Il venait d accomplir un voyage de dix-huit mois en allant de Saint Nazaire à Philadelphie, Hobart-Town, Kobe et San Francisco.
Dans son voyage de retour à Queenstown, dans la nuit du premier janvier, par brume intense et grosse mer il fut drossé sur des rochers près de Seven-Head. Aperçus par un canot de pêche, les 26 hommes d'équipage durent attendre le jour sur l'épave pour ne pas exposer inutilement le bateau de pèche. Ils furent enfin recueillis par ce dernier et ramenés à Cork.
L'opération du sauvetage fut rendue assez périlleuse par le mauvais état de la mer les marins durent abandonner la plus grande partie de leurs effets.
Le capitaine Paul Hermel, de Fécamp, le second Albert Plusquellec et deux matelots sont demeurés sur les lieux pour prendre les mesures que comporterait la situation.
Les vingt antres matelots, presque tous originaires de Bretagne, placés sous la direction du lieutenant François Aoustin, de Saint-Nazaire et du premier maître Etienne Andrian, se sont rendus à Southampton d'où ils ont été amenés ce matin en notre ville.
Après avoir fait leur déposition au bureau de la marine, chacun de ces marins a été dirigé vers son lieu de résidence.
Le Faulconnier avait une cargaison d'orge et de blé.
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9 janvier 1904
Le Beaumanoir en relâche - Long-cours
Saint Nazaire, 8 janvier. Le trois-mâts Beaumanoir, appartenant à la maison J. Légase et Cie, de Bayonne, parti de la Pallice le ler janvier avec un chargement de briquettes et de houille pour Fort de-France, a dû relâcher ici par suite d'une voie d'eau survenu après une tempête essuyée le 3 et le 4.
Dans son rapport de mer déposé par lui, le capitaine du Beaumanoir, M. Lhotellier précise ainsi la nature des avaries subies par son navire
Le 3 janvier. il vente à tempête par accalmies. le navire donne de violents coups de roulis et de tangage, par suite de la mer qui est démontée. Ce navire fait eau, il fatigue beaucoup, ainsi que la mature. On a pompé très souvent.
Le lundi 4 janvier. dans un grain, le foc d'artimon et la grande voile d'étai, sont défoncés. Ramassé les débris et serré la misaine. La mer devient tellement mauvaise que le coffre du navire est continuellement rempli. La drome bâbord arrache les pitonsde saisine, et menace de briser toutes les jambettes; des cordages, des filins, une échelle de dunette son brisés ou enlevés; quatre pièces a eau sont brisés et enlevées par la mer furieuse, ainsi que les chantiers dei dromes et pièces à eau et deux barres de cabestan un canot éprouve de grandes avaries. Les haubans du grand mât sont tous cassés ainsi que la draille de grand foc et les conduites de manœuvres; plusieurs poulies plusieurs manœuvres courantes.On répare tant bien que mal et on continue à pomper, mais malgré tous les efforts on ne peut franchir la pompe.
Vers 2 heures du soir, l'équipage entier vient me demander de relâcher la pompe accusant 90 centimètres d'eau et celle-ci augmentant sans cesse.
Après délibératiou pour le salut commun du navire et de sa cargaison, il est décidé de relâcher.
Nous faisons route pour La Pallice, mais les vents nous refusent et nous obligent faire route pour Saint Nazaire. ... On pompe continuellement, et, malgré tout, ou arrive à avoir 1 mètre 20 d'eau la sonde.
Le capitaine, qui fait toutes ses réserves quant aux avaries possibles dans la cargaison, a l'intention de faire allèger le navire d'une centaine de tonne a pour faire procéder à une visite des parties endommagées.
Le Beaumanoir est amarré au quai Demange.
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14 janvier 1904
Un équipage sans rôle.
Cour d'appel de Rennes
AUDIENCE DU 13 JANVIER
Saint-Nazaire. Un équipage sans rôle. Il y a huit jours venait devant la Cour, sur l'appel de l'administration maritime du Croisic, une affaire dans laquelle les inculpés, poursuivis à la requête de l'administration eu question, pour avoir navigué sans rôle d'équipage, avaient été acquittés par le tribunal de Saint-Nazaire.
Au moment où le patron du canot le Croisicais fut invité à produire son rôle, il répondit qu'il était chez lui, alors que chaque fois qu'un bateau sort, cette pièce justificative doit se trouver à bord. Une deuxième contravention avait été relevée contre le canot Penbron pour les mêmes raisons. En ce qui concerne celui-ci, l'armateur soutint que d'accord avec l'administration maritime, le Penbron était exempté de cette formalité.
La Cour a réformé le jugement de première instance et a condamné à 1 franc d'amende les matelots Bertho et Le Darze. Voici cet arrêt qui ne manquera pas d'intéresser nos nombreux lecteurs de la côte et les marins en général.
Considérant qu'il est établi, tant par un procès verbal régulier que par les aveux des prévenus à l'audience du tribunal de police correctionnelle de St-Nazaire du 12 novembre 1903, qu'à la date du 17 septembre dernier, les chaloupes à pétrole le Croissais et le Penbron ont l'une et l'antre exercé une navigation maritime, la première pour transporteur un chargement de poissons du chalutier à vapeur le Naalsa, ancré eu rade du Croisic, la seconde pour faite une corvée à bord de ce chalutier; et que, requis d'exhiber leur rôle d'équipage, ni Bertho, faisant sans droit fonctions de patron du Croisicais, ni Le Darze, commandant le Penbron, n'ont obéi à cette injonction du gendarme de la marine; que Le Darze a déclaré avoir oublié le rôle chez lui.
Considérant, il est vrai, que le Penbron avait été désarmé quelques jours auparavant; et que l'armateur de ces deux chaloupes, M. Carré de Lusançay, avait été autorisé par l'administration de la marine à n'avoir qu'un rôle et qu'un équipage pour les deux embarcations mais que cette faveur avait été subordonnée à la condition de ne pas les faire naviguer en même temps sans un équipage et par suite un rôle pour chacune d'elles conformément à la loi.
Considérant que les faits ci-dessus constituent des infractions aux dispositions des art. 1 et 2 du décret-loi du 19 mars 1852 et 5 du décret du 20 mars 1852 que toutefois la juridiction correctionnelle n'a été saisie par la citation du 20 octobre 1903, que des infractions au décret du 19 mars;
Considérant que le jugement, qui a prononcé l'acquittement des prévenues, est basé sur des motifs qui ne sauraient être adoptés ni enfait ni en droit; qu'en fait, il n'est pas exact que le rôle d'équipage du Croisicais ait été délivré à l'armateur trop tard pour qu'il ait eu le temps moral de le remettre au patron. puisque celui-ci a déclaré qu'il le possédait à son domicile qu'en droit aucune embarcation ne doit exercer une navigation maritime sans être munie d'un rôle d'équipage; que, de plus, les infractions en cette matière, bien que justiciable de la juridiction correctionnelle différent des délits en ce qui concerne l'élément intentionnel qu'elles ont le caractère de contravention pour ta répression desquelles il suffit de constater leur existence en fait.
Considérant en conséquence que les motifs qui ont déterminé les premiers juges ne peuvent être retenus que pour l'admission dé circonstances atténuantes, qui doivent être accordées dans une très large mesure par application de la loi du 31 juillet 1901
Considérant que le Croisicais et le Penbron sont armés au bornage et que l'art. 4 du décret du 20 mars 1852 assimile cet embarcations à celles armées au cabotage, relativement aux infractions en matière de rôle d'équipage
Considérant que M. Carré de Lusançay, armateur des deux embarcations dont il s'agit, tombe sous l'application de l'art. 11 du décret du 19 mars 1852.
Vu les art. 1, 3, 11 du décret du 19 mars 1852; 4, du décret du 20 mars 1852 vu la loi du 31 juillet 1901, les art. 52, 403 du Code pénal, 194 du Code d'instruction criminelle. 9 de la loi do 22 juillet 1865 sur la contrainte par corps.
Par ces motif,
Infirme le jugement frappé d'appel
Déclare Bertho et Le Darze coupables d'infractions aux art. et 3 du décret du 19 mars 1852;
Les condamne chacun par corps à une amende de 1 franc
Les condamne en outre solidairement par corps aux dépens
Condamne Carré de Lusançay, en sa qualité d'armateur, solidairement avec les prévenus au paiement des atnendea ci-dessus prononcées et des dépens
Fixe la durée de la contrainte par corps au minimum déterminé par la loi.
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20 janvier 1904
UN FORCAT QUI S EVADE
UN FORCAT QUI S EVADE
De la Guyane. A bord du trois mat Jeanne
Arrestation à Saint Nazaire.
Saint-Nazaire, 19 janvier. Le trois mâts de la maison Démange, Jeanne, capitaine Leray, avait quitté le 20 octobre Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane) avec un chargement de ferraille pour Nantes, lorsque deux jours après, le 22, l'équipage stupéfait aperçut un inconnu qui sortait de la cale et demanda à parler au capitaine. On le conduisit près du capitaine Leray. C'était un forçat nommé Albert Guilleminot, âgé de 27 ans. né à Dijon, condamné au printemps de 1900, par la Cour d'assises de la Charente Inférieure, à 10 ans de travaux forcés pour vol qualifié. Il était affecté au pénitencier de Saint-Laurent-du-Maroni, et faisait partie d'une corvée employée au chargement de la Jeanne.
Le 29 octobre, comme le navire appareillait, il avait réussi à se cacher à l'insu du capitaine et de l'équipage dans une vieille, chaudière faisant partie du chargement, et le 22, pressé par la faim, il avait du sortir de sa cachette. La Jeanne était dû reste trop loin en mer pour qu'il pût être ramené au bagne.
Le forçat ignorait le port de destination du navire. et pensant sans doute que la Jeanne aborderait dans un port étranger, il avait espéré qu'il s'y evaderait facilement.
Mais aussitôt arrivé a Saint-Nazaire, le capitaine Leray avisa la sous-préfecture de la présence du forçat à bord. Le commissaire central a alors requis le Henri-Duval, vapeur de service du pilotage pour aller chercher Guilleminot à bord de la Jeanne
Le capitaine Leray devait le débarquer à Nantes, mais, craignant qu'il ne s'évade il a préféré le remettre aux autorités de St Nazaire.
Au cours de la traversée, Guilleminot a été employé aux travaux de l'équipage, A aucun moment, il n'a manifesté de tentative de rébellion
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22 janvier 1904
Le crime du Grand-Marais
La lettre anonyme et le dossier Saint-Nazaire, 21 janvier. La découverte de la malle sanglante et l'ouverture d'une nouvelle instruction relative au sensationnel crime du Grand-Marais, à ̃Saint-Nazaire, continue à causer une profonde émotion dans toute la région. M" Lucas, défenseur de Largeteau, qui avait reçu, le lendemain du jugement, une lettre anonyme indiquant où se trouvait la fameuse malle, vient de déposer cette lettre entre les mains du juge d'instruction de Saint-Nazaire. Celui-ci a également reçu tout le dossier du greffe du tribunal civil de Nantes.
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30 janvier 1904
GRIVÈLERIE.
Il y a quelques jours, Louis Merdrignac, 27 ans, et Jean-Baptiste Chautrel, 31 ans, tous deux marin. domiciliés à Saint-Malo se sont fait servir manger au restaurant Franco-Espagnol, rue Thiers, et le quart d'heure de Rabelais venu, ont déclaré stoïquement à M. Flèches, le restaurateur, n'avoir pas un fifrelin en poche.
Le tribunal de Saint-Nazaire vient de les condamner trois mois de prison chacun.