
1879
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8 décembre 1879 12 décembre 1879
1 mars 1879
naufrage du Brick "Le Profet"
Saint-Nazaire, 27 février. Le brick Le Profet, appartenant à M. Astoin, armateur à Nantes, capitaine Bertel, chargé de sucre, à destination de Cardiff, a été coulé par le vapeur anglais Le Lionnel, faisant route pour notre port. L'équipage, ainsi que le capitaine, ont pu se sauver au moyen de l'embarcation de l'arrière.
Le navire, et la cargaison, étaient assurés
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2 avril 1879
M. Ernest de la Rochette candidat choisi par les conservateurs.
2° circonscription de Saint-Nazaire
M. Ernest de la Rochette, troisième fils de M. de la Rochette, ancien sénateur et frère du député mort dernièrement, est le candidat choisi par les conservateurs. Né à Nantes; âgé de trente-deux ans environ, il a été élevé à la maison des Jésuites de Vannes (Morbihan).
Engagé aux zouaves pontificaux au sortir du collège, il reçut le baptême du feu à Mentana. Il était, sous-lieutenant en 1870, et fit toutes les campagnes de la Loire avec ses vaillants compagnons d'armes.
Au physique, M. Ernest de la Rochette est petit de taille, très aimable garçon, et de relations faciles et agréables. Il a épousé Mlle du Chateigner, fille d'un grand propriétaire de la Vendée.
M. de la Rochette, qui aime beaucoup la campagne et s'intéresse surtout aux travaux agricoles, n'a accepté la succession politique de son frère que par dévouement au pays.
M. Léon Benoit se refusant à poser sa candidature républicaine, on verra probablement apparaître l'inéluctable M. Simon père qui, dans son désir ardent de siéger à Versailles, n'importe comment, oublie ses échecs successifs, devenus proverbiaux.
Le succès de M. Ernest de la Rochette est absolument certain.
1 juillet 1879
Le curé Guerchet, arrestation pour attentats à la pudeur.
Le Phare de la Loire nous apporte les renseignements suivants sur le curé de Donges, dont nous avons annoncé hier l'arrestation pour attentats à la pudeur
La commune de Donges est encore sous le coup de l'émotion que vient d'y causer le scandale de l'arrestation de son curé, l'abbé Guerchet, qui est sous les verrous de Saint-Nazaire, depuis lundi dernier, sous la prévention d'attentats à la pudeur sur des jeunes filles qu'il préparait à la première communion, et qu'il éprouvait, dit-ou, le besoin d'entretenir une à une, sur ses genoux, dans la sacristie.
L'abbé Guerchet est un homme de 58 ans, au teint vermillonné, dont le caractère despotique tendait les relations difficiles avec ses intérieurs. Né à Saint-Etienne-de-Mont-Luc, fils d'un fermier peu aisé, il n'en était pas moins devenu un personnage des plus vaniteux, s'imposant à ses confrères, aimant à déguster le cru de ses voisins à charge de revanche, il est vrai.
Son arrestation, à laquelle il a failli échapper, a été provoquée, dit-on, par l'adjoint après une enquête dans l'école des jeunes filles, à la suite de laquelle on aurait constaté une vingtaine de jeunes victimes de sa lubricité.
3 juillet 1879
ECHOS DE PARTOUT
Lundi dernier, un des vendeurs du Petit Parisien traversait la commune d'Eragny, près Pontoise, criant notre numéro daté du juillet, dans lequel est racontée l'arrestation du curé Guerchet, conduit à la prison de Saint-Nazaire. sous l'inculpation d'attentats à la pudeur. Tout à coup, le curé d'Eragny, en ce moment a son presbytère, ouvrit une fenêtre du second étage et interpella notre vendeur, lui criant que le Petit Parisien est a un journal infâme, qui ne publie que des cochonneries (sic) ».
Mais, monsieur la curé, vous nous avez, par votre sortie imprudente et peu chrétienne, procuré un succès immédiat. Vos paroissiens se sont arraché le « journal infâme ».
22 octobre 1879
PRIS DANS LA TEMPETE
Sur l’océan
J'ai quitté Paris mercredi dernier. Vendredi je m'embarquais aux Sables- d’Olonne sur la chaloupe du patron Le Goff. Nous devions aller à Belle-Ile, son n port d'attache.- Mais Dieu dispose surtout à la mer! Le bateau se nomme le a Pierre-Marie. il vient de l'île de Groix où sont les plus hardis pêcheurs de la côte. Il a -un bout dehors, un mât de misaine et un grand mât incliné en arrière. Le Goff est un ancien maître d'équipage de brick. Ne trouvant à s'embarquer que a sur des navires étrangers, il a préféré ci reprendre son ancien métier de pêcheur. Il ressemble à M. Got, vieilli. Le matelot s'appelle Piguet. C'est un grand et un large. Le mousse répond au sobriquet de Colosse. On lui a donné cette seigneurerie comme on dit parce qu'il est extraordinairement petit pour son âge. Il a treize ans. Voilà l'équipage de. Pierre-Marie.
Le vent souffle de l’Est-Nord-Est. C'est g ici le vent calme. Il vient pourtant de Paris! Le- ciel est d'un bleu d saphir. L'Océan n'a pas la couleur verte qui lui a est spéciale. On dirait d'une eau méditerranéenne. Quelques petites vagues pralinent-à peine sa surface. Toute la toile est mise dehors. Le bateau a parfois des trémoussements du bout dehors qui rappellent les trémoussements de tête d'un cheval joyeux d'avoir quitté l'écurie. Le foc et le petit foc tringuette ont comme des claquements de fouet.
Maître Le Goff me raconte que la pêche ne va pas mieux que la marine au long cours et au cabotage. Cette année, il. y a trop de sardines, Elles ne valent pas le sou. La Rogue est toujours très d chère. S'il y a trop de sardines il n'y e a lias assez d'autres poissons. Le Goff dit que ce sont les bateaux à vapeur qui chassent au large ces poissons côtiers. Ces créatures sont comme les autres, elles n'aiment pas qu'on les dérange à toute heure! Et puis, cette année, les marsouins ont pris l'habitude de se jeter dans.les filets. C-'est un marsouin; une très sotte bête, comme chacun sait, qui a déchiré le chalut du Pierre-Marie. C'est pourquoi nous n'avons pas de filets à bord. Nous allons les chercher à Belle-isle où ils sont à raccommoder. Le Goff regrette son ancien métier. Il a lu, je ne sais où, mon article sur les sauveteurs. C'est donc bien vrai, monsieur, que l'amiral Jaureguiberry, le ministre de la marine, vous a dit, en vous parlant, qu'il allait enfin s'occuper de nous. J'ai servi sous cet amiral-là. C'est un bon matelot!
En paraissant s'enfoncer peu à peu dans l'eau, le soleil semble faire gonfler et bouillir l'eau comme un boulet rouge qu'on voudrait éteindre dans un grand baquet. Il y a du roulis et du tangage. Mais sur les petits bateaux où les mouvements sont comme désordonnés, je n'ai jamais le mal de mer. Je visite le bord. Colosse occupe un trou à l'avant, large comme une barrique,
Chez Piguet, je vois une image de Sainte- Anne d'Auray et la photographie de sa femme. Chez Colosse, il y a les images coloriées de Raspail, du Juif-Errant et de Saint-Eloi puis, un vieil assignât de cent livres cloué par les quatre coins à une planche. Colosse, n'ayant point la proie, prend l’ombre! C'est absolument le trou où l'écureuil ramasse tout ce qu'il a trouvé. Le bout dehors sert de perchoir! Le soleil va disparaître. Caché par un nuage noir, il projette,- à droite et gauche, deux grands rayons, comme les deux rayons qui sortent du front de Moïse.
Le Goff dit que c'est mauvais signe ce soleil qui se couche sous un soutre! Je ne sais pas ce que c'est qu'un soutre. Le soleil n'a plus qu'un croissant. Il a tombe tout à coup, avec cette rapidité qui est si bizarre.
On dirait qu'une main le retire subitement– comme une marionnette de Guignol qui a fini son rôle. A ce moment, avez-vous remarqué ceci ? Si profane qu'on soit, on a envie de prier! Piguet a oté son bonnet. Je parie qu'il dit sa prière du soir.
« Monsieur, je ne vous promets pas une belle nuit. » Mais je sais que Le Goff, le patron le plus sombre de la côte. On ne l'a jamais vu rire non plus soupire. En revanche, Colosse est le rire perpétuel peut-être a-t’il raison ? L'homme est le seul être qui rit! Colosse est un vrai collier de grelots. Il ne peut remuer, sans que tout chante en lui. Piguet est l'intermédiaire entre le patron et le mousse. Il est le sourire. Vous savez ce doux sourire résigné de tant de matelots! C'est un ancien marin du Friedland. Il a été à Versailles pendant d la Commune. Aussitôt après la prise de Paris, il a été rappelé à la mer. La vision de ce Paris, où il n'est pas entré, lui est restée fort étrange. C'était, monsieur, pendant les dernières nuits, un navire qui brûle à l'horizon. Le feu gagnait ses batteries et faisait partir les canons. On voyait ses mâts au milieu des flammes rouges !» Il a ramené prisonniers bien des communards il les appelle: les Parisiens. Il s'étonne que je sois un Parisien et que je n'aie pas aux mains des traces de poudre!
Piguet a huit enfants. Il gagne à peu près 65 francs par mois. Il a bientôt des larmes dans les yeux, en parlant de sa trouée. Ces hommes de l'Océan ont souvent des tempéraments de femme! Il avoue qu'avec si peu d'argent, sa famille et lui ne sont pas à la noce.- Si je lui disais qu'aujourd'hui les communards sont plus riches que lui ! Quel -étonnement! Ne lui disons rien! D'ailleurs, lecteur, ne parlons pas politique aujourd'hui. Mais Piguet espère. Ces hommes-là emportent l'espoir jusque dans la tombe inclusivement. Sublimes naïfs, ils sont comme les enfants qui mettent, à la veille de Noël? Leur petit sabot dans la cheminée. Mais le petit Noël oublie souvent de mettre dans le sabot
Mais un gros nuage bleuâtre éteint une à une les étoiles. On dirait de l'éteignoir, conduit par une main invisible, qui éteint un à un les grands cierges de l'autel! L'air fraîchit. « Couvrez-vous, monsieur, il va faire froid. Ah pas si froid qu'à Terre-Neuve, où on a vu geler d'une seule pièce le pêcheur de morue, la ligne et la morue au bout Maintenant on dit qu'on va aller pêcher ces poissons-là avec des vapeurs. Et puis aussi la baleine Adieu les grandes pêches qui faisaient les bons matelots. Ce n'est pas difficile de fourrer des pelletées de charbon dans la goule du four c'est un métier de mitron. Je sais que les Transatlantiques ont engagé, l'autre an, pour conduire leurs bateaux, beaucoup de garçons boulangers de Nantes, si ça ne fait pas pitié » J'étais désormais habitué à Le Goff il pouvait tout me dire! Mais ce discours prouve bien l'animadversion professée par nos matelots pour les navires à vapeur Elle n'a d'égale que la haine des pêcheurs à la ligne des quais de la Seine à Paris Le Goff continuait: « Quant à moi, ça m'est bien égal je suis assez vieux pour faire un mort! Mais les jeunes gens! Tenez, monsieur, je suis allé en 1876, dans le Levant, avec un brick, sous le commandement d'un jeune capitaine au long cours M. Philippe, un vrai loup de mer. Revenu, il n'a pas trouvé d'embarquement. Plutôt que d'aller sur un navire anglais, il a préféré être gardien de navire, dans le port de Saint-Nazaire. Vous savez ce métier, qui est celui des vieux matelots usés, veiller au feu, etc…» Patron, mon ami, cela est grave. Ne plaisantez pas. Demain, tout le monde pourrait savoir cela. Le Golf se leva. Il ôta son bonnet. Il fit avec solennité :'« Je jure sur ma part de paradis. J'ai vu mon ancien capitaine Philippe, sur le Creuzeïro, balayer le pont du navire, où jl était gardien! » En effet, le fait est vrai. Il n'est pas le seul de cette navrante espèce. Quand donc nos députés, aujourd'hui préoccupés par la politique, regarderont-ils ce qui est en train de mourir sur nos côtes marines?
Le vent avait tourné. Maintenant il est Nord-Ouest. Nous avons vent debout. Nous courons des bordées. Nous allons au plus près. La mer est grosse. Tout à coup le point amarre du foc se détache. Colosse va à cheval sur le bout dehors, réparer la petite avarie. Le mouvement du navire lui donne un air de singe dans une balançoire. « Eh ! Regardez ce crapaud, fait le patron, comme il a vite fait ce nœud. Quand, à dix ans, on lui a mis dans les mains, pour la première fois, deux bouts de filin, il a fait un nœud comme pas un maître voilier. » C'est bien étonnant, patron? Ah c'est que, je vais vous dire j'ai connu la mère de Colosse, un beau brin de fille; elle a filé l'amour avec un maître d'équipage du Pélican; un rude marin » Je donne cette théorie sur les idées innées, telle que Le Goff me l'a donnée, sans garantie de Descartes!
La vague devient noire, comme la fameuse vague peinte par Courbet. Le vent est très violent. A chaque virement de bord, le bateau me semble chavirer. Le patron me crie « Prenez garde à votre tête. En effet, ma tête serait brisée par la baume, qui tourne tout à coup do bâbord à tribord. La mer embarque. Je n'aime pas ces vagues qui tournent autour du bordage comme des bras-croches de poulpe. La mer a repris sa couleur d'émeraude des grands jours! En moi, la bête frissonne. Je ne suis pas plus poltron qu'un autre, mais chacun a sa façon de mort qui ne lui fait pas peur -comme chacun a sa façon de vivre! Tout à coup une vague empoigne à bord le youyou mal amarré. Le youyou est à la lamer! On entend trois jurons, dans trois notes différentes! Le patron, qui est à la barre, a laissé porter vent arrière. Il revient de lof, en serrant le vent, sur le youyou. Il le prend sous le vent. Colosse saute dans le youyou. Piguet lui jette une amarre. Le youyou est sauvé Il est traîné pendant un moment, par le bateau, avec Colosse. Avez-vous vu dans un champ labouré en sillons, un chien qui se sauve, entrainant par la queue une casserole que des gamins y ont attaché. Supposez un chat dans la casserole. Tel Colosse, dans le youyou, ballotté par les immenses sillons de la mer!
Colosse chante! Ce sont les dernières paroles de je ne sais quelle complainte marine
Celui qui fit cette chanson,
C'est Baudru, gabier d'artimon
« Tenez, monsieur, cette vermine est un bon petit cœur. Ça fera un rude matelot s'il y a encore des matelots dans dix ans » Et Le Goff avait une larme dans les yeux mais, comme il dit pleurer, c'est pas rire! « Tais-toi, Colosse. Quand on est en danger, il ne faut pas chanter. Ça agace la Mer Mais, nous sommes donc en danger. –Oh! Non; chante donc Colosse. Mais tout de même, la marchande de tabac du Croisic est plus à son aise que nous, dans sa boîte à comptoir! Il faut mettre en cap amène la grande voile. Largue la drisse, trois ris à la misaine. Amène le foc. Nous tiendrons sous la trinquette et la, misaine !
Le Goff espérait tenir ainsi contre la mer. Oui da! Impossible! Il fait virer de bord. Nous avons vent arrière. Nous fuyons devant le temps, sur une mer couleur d'eau d'encrier. Nous allons vers Saint-Nazaire. Ce qui m'étonne c'est que Le Goff sait où nous sommes. Il dit « Quelle g… de mer! Pourvu que le Pierre-Marie ne vienne pas au travers de la lame, nous irons à Saint-Nazaire, aussi à notre aise que dans la voiture de M. le préfet. »
Tout à coup, le ciel devient clair. Nous sommes éclaires par les étoiles, comme à giorno. On lirait-une lettre. Mais les vagues grandissent de plus en plus. Colosse a repris sa place à l'avant. Je vois ses grands yeux et ses grandes oreilles. Piguet est assis sur l'ancre. Le Goff est à la barre. Je suis debout près du dôme de la cabine. Je m'accroche aux cordages. Par moments, le bateau descend sur la vague, d'une façon presque verticale on dirait d'un canard qui plonge la tête en levant la queue !
Il n'y a pas de danger puisque le patron laisse Colosse chanter. La bête est donc tranquille en moi. Vision ineffaçable. Cet Infini ! Cet Inconnu ! Le sans bornes et le sans fond, partout ! Avez-vous remarqué que ces grandes visions subites appellent tout à coup en nous toutes les autres hautes sensations, perçues dans notre vie ? Mais je ne veux pas de ces spectacles d'autrefois. Je fais comme un homme qui veut rester devant une unique pensée je retourne les autres tableaux contre le mur. Je ne veux voir que l'Infini !
Voici donc l'Océan ; ce grand religieux. Sa voix ressemble à celle d'un immense, muet qui voudrait parler Il a la vie froide. Ce mouvement prodigieux ne produit pas un atome-de chaleur. Tout s'échauffe dans les cieux et sur la terre lui seul reste froid L'Océan a été le premier né, il sera le dernier mort Il couvrira la terre avec son sel mystérieux comme le sel symbolique qu'on jette sur les suprêmes destructions La vague énorme me fait passer rapidement du paradis du Dante à son enfer. Je suis dans les étoiles je suis dans l'abîme noir! Je regarde l'Océan .je l'écoute. Il me montre et me dit l'Infini. Jamais on ne sent si bien qu'on vient de cet Infini et qu'on y retournera ! Le chartreux en prières voit dans sa cellule l'Infini. Mais couché à genoux sur le bord de l'abîme, il éprouve moins de vertige ! Au contraire ici, debout devant l'Océan, l'esprit s'affole. Cependant il est bon de voir cela, pendant quelque temps. On rapporte alors dans la vie chaude, une saine provision d'air âpre!
« Patron, qu'est-ce que je vois là-bas à l'avant du Pierre-Marie? –Ce sont les phares de l'entrée de la Loire. En effet, nous approchons de Saint-Nazaire. On sait que nous étions partis pour Belle isle-en-Mer! Pierre-Marie va bon train. Voici les lumières du phare du môle et de la grosse lanterne de l'estacade. On dirait des gens qui avec des lanternes viennent à notre rencontre! »
« A revoir, maître Le Goff. A revoir Piguet. Colosse, donne-moi la main. » Le petit essuie auparavant sa main, en dessus et en dessous, à son pantalon comme s'il essuyait son couteau, avant de couper du pain! Le Goff fait « bien des choses, monsieur, à vos amis de ce Paris où vous êtes si bien à l'abri des mauvais temps! » Pour le coup, le patron fit ? Mais non Le Goff ne rit jamais
IGNOTUS
Félix-Louis-Joseph Platel est né en 1832 dans la propriété du Grand-Clavier en Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, sur les bords du lac.
baron Félix PLATEL dit IGNOTUS Journaliste au Figaro (1832-1888)
3 décembre 1879
Monsieur de Lesseps
C'est le 6 décembre que Monsieur de Lesseps partira pour Panama. Il s'embarquera à Saint-Nazaire pour Colon-Aspinwall*, où il arrivera le 27. (*Initialement, la ville s'appelait Aspinwall comme l'avaient baptisé les émigrés américains alors que les hispanophones l'appelaient Colón.)
7 décembre 1879
M. le capitaine de vaisseau Aube, gouverneur militaire de la Martinique,
Aujourd'hui samedi, M. le capitaine de vaisseau Aube, gouverneur militaire de la Martinique, partira par le paquebot de Saint-Nazaire pour se rendre à son poste, avec ses deux aides de camp, MM. Chapuis, lieutenant de vaisseau, et d'Albignac, lieutenant d'infanterie de marine. M. Aube a quitté Paris hier matin, après avoir été reçu par M. le président de la République.
8 décembre 1879
le steamer Lafayette.
Saint-Nazaire décembre. Demain, 8/12/1879, part de Saint-Nazaire, à destination de Colon-Panama, le steamer Lafayette. I1 emmène, entre autres passagers marquants, M. F. de Lesseps, accompagné de sa famille, qui se rend à Panama pour se mettre en mesure de répondre victorieusement aux objections qui ont été faites au sujet du percement de l'isthme.
Sur le même paquebot se trouvent le lieutenant de vaisseau Lucien Whyse, promoteur du projet adopté par le congrès ; le contre-amiral Aube, le nouveau gouverneur de la Martinique, suivi do ses aides-de-camp, MM. Chapuis et d'Albignon, et le capitaine Huard, gouverneur de la Guyane, qui va rejoindre son poste.
Bon voyage !
12 décembre 1879
M. de Lesseps à Saint-Nazaire sur le paquebot le Lafayette.
La plupart des journaux de Paris ont annoncé que M. de Lesseps(*) s'était embarqué samedi dernier pour Panama.
C'est seulement avant-hier, à dix heures, que M. de Lesseps a pu prendre passage à Saint-Nazaire sur le paquebot le Lafayette.
A son arrivée à Saint-Nazaire par le chemin de fer, M. de Lesseps était descendu à l'hôtel des Messageries, avec sa famille et M. Wyse(*), qui lui sert de secrétaire dans ce voyage.
Au nombre des 160 passagers du Lafayelte se trouvent M. Aube, gouverneur de* la Martinique, nommé en remplacement de M: Gent; M. Huard, gouverneur de la Guyane; M. Couturier, gouverneur de la Guadeloupe, ce dernier, qui était en congé pour plusieurs mois, regagne son poste prématurément, le devoir l'appelant dans sa colonie ravagée par la fièvre jaune.
Citons enfin parmi les compagnons de voyage de M. de Lesseps M. Pertuzé, ancien procureur de la République à Saigon, qui se rend à Cayenne en qualité de conseiller à la cour d'appel
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(*)
Lucien Napoléon Bonaparte-Wyse
(né à Paris le 13 janvier 1845, mort à Toulon le 15 juin 1909), fils de Thomas Wyse (bien que son vrai père était un officier britannique, le capitaine Studholm John Hodgson)2 et de Lætitia Bonaparte (nièce3 de Napoléon Ier) et donc petit-neveu de l'Empereur et frère de Marie de Solms est un ingénieur français, chargé d'examiner différentes routes possibles pour le futur percement du canal de Panamá.
Biographie
Lucien Napoléon Bonaparte-Wyse, s'engage dans la marine comme aspirant4, et comme lieutenant de vaisseau français au service de la France, officier de marine à bord du vaisseau "Amphion", basé à Toulon. Mandaté par la société française « Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama », Lucien Napoléon Bonaparte-Wyse, obtient la concession du canal par le gouvernement colombien. Il effectue deux voyages à Panamá pour étudier le projet, et la faisabilité étant évidente, il signe le 23 mars 1878, avec Aquileo Parra, président colombien, un contrat officiel appelé « Concession Wyse » valable 99 ans. Cette concession autorise la compagnie d'excaver et d'en avoir la jouissance. Le scandale de Panamá permet à Lesseps de racheter les droits de la concession. Après cet esclandre, Lucien Napoléon Bonaparte-Wyse rédigera ses mémoires, pour prouver aux investisseurs que le projet était viable. Les États-Unis obtiendront la concession et réaliseront le canal. Il meurt au Cap Brun à Toulon le 15 juin 1909 à l'âge de 64 ans5.
(*)
Ferdinand Marie, vicomte de Lesseps
né à Versailles le 19 novembre 1805 et mort à La Chesnaye près de Guilly (Indre) le 7 décembre 1894, est un diplomate et entrepreneur français. Il est surtout connu pour avoir fait construire le canal de Suez et pour être à l'origine du scandale de Panama pour lequel il a été condamné. Il était le neveu du diplomate Jean-Baptiste Barthélemy, baron de Lesseps1
Surnommé « le Grand Français », Ferdinand de Lesseps a été le principal promoteur des deux projets de canaux les plus ambitieux de son temps, le canal de Suez puis le canal de Panama. Ce dernier projet fit perdre tant d'argent aux actionnaires que le promoteur fut condamné à cinq ans de prison, peine qu'il ne purgea pas en raison de son grand âge (88 ans) et de son état de santé précaire. Sa statue trône sur la place de France à Panama avec son nom écrit de cette manière : Fernando Maria Vizconce de Lesseps.
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