
1889
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7 janvier 1889
QUERELLE SAINT-NAZAIRE NANTES
On voit en ce moment se renouveler dans notre département les vieilles querelles de Rouen et du Havre. Un projet de loi, fondé sur un vœu du Conseil général de la Loire-Inférieure est à l'étude. Il a pour objet le dragage de l'entrée de la Loire et la canalisation jusqu'à Nantes, pour permettre aux gros navires dé remonter jusque-là. Les dépenses seraient couvertes par un droit de tonnage.
M. Gasnier, maire de Saint-Nazaire, est à Paris, pour voir les ministres et le Président de la République, afin d'obtenir le rejet de cette loi nuisible aux intérêts de ses concitoyens. Les conseillers généraux de l'arrondissement et une partie du Conseil municipal, maire et adjoints en tête, doivent démissionner si leur demande est rejetée.
Cependant, dans les quatre millions de recettes primes, trois millions doivent être affectés au dragage de l'entrée du port de Saint- Nazaire afin d'en livrer l'accès aux navires d'un fort tirant d'eau, et un million seulement pour les intérêts nantais. On voit qu'ils ont tort de se plaindre.
20 janvier 1889
AVOINE RUSSE
Le Phare de la Loire annonçait, hier, l'arrivée à Saint-Nazaire du vapeur allemand, le Nieman, apportant un chargement d'avoines russes acheté par le ministère de la guerre, au détriment des agriculteurs français.
L'Union bretonne prétend ce soir que ces avoines sont de beaucoup inférieures à nos avoines bretonnes dont regorgent les greniers de l'Ouest.
Le chargement du Nieman sera déposé aux entrepôts et il sera facile de constater s'il sera dirigé sur un établissement militaire. En ce cas, une interpellation aurait lieu à la Chambre.
31 janvier 1889
Saint-Nazaire, 29 janvier. — On mande de Saint-Nazaire aux journaux de Tours que la gendarmerie vient de signaler, comme ayant passé dans cette ville, un individu fortement soupçonné d'être l'auteur du double assassinat des époux Choisnard et de l'incendie de leur maison, à Noizay (Indre-etLoire).
Cet individu, qui est formellement reconnu grâce à la photographie communiquée à ceux qui l'ont vu à Saint-Nazaire, s'est embarqué le 21 janvier sur le paquebot Saint-Germain, à destination de la Vera-Cruz, sous le nom de Giuseppe Pariadica. Son nom véritable serait Joseph Cordero, sujet italien.
Ce Cordero avait des relations constantes avec la femme Benoît. Le soir de l'arrestation de celle-ci, il fut aperçu rôdant du côté de la rue Chalmel. Il disparut depuis cette époque, et l'on perdit sa trace.
5 fevrier 1889
ABSTENTION DE TOUTE UNE VILLE
QUERELLE SAINT-NAZAIRE NANTES
On devait remplacer hier le Conseil municipal de Saint-Nazaire qui avait donné sa démission à la suite du projet de création du canal de la Basse-Loire. Aucun électeur ne s'étant présenté, les bureaux de vote n'ont pu être formés dans aucune section
6 Février 1889
ABSTENTION DE TOUTE UNE VILLE
QUERELLE SAINT-NAZAIRE NANTES
Les habitants de Saint-Nazaire, furieux de voir leur demande repoussée par le gouvernement et la question de canalisation de la Loire tranchée en faveur de Nantes, se sont mis complètement en grève. En effet, les conseillers généraux et arrondissement, l'administration et le Conseil municipal ayant démissionné en masse, les élections avaient été fixées à dimanche dernier.
Une seule section, celle de Méans, a pu former un bureau qui n'a lui-même recueilli que douze bulletins égarés sur des inconnus. Du reste on n'avait pu trouver un seul candidat qui consentît à se porter devant les suffrages des Nazairiens. Dimanche prochain aura lieu le second tour de scrutin, mais les bureaux ne seront même pas constitués
9 février 1889
Saint-Nazaire, 7 février. — Le sieur Ratzki, capitaine du navire allemand Eincacht, de Dantzig, a tué ce matin son second, nommé Dassow, à coups de revolver. Ratzki venait d'être condamné par le tribunal de Saint-Nazaire pour port d'arme prohibée.
21 février 1889
QUERELLE SAINT-NAZAIRE NANTES
Le Conseil municipal de Saint-Nazaire, qui avait donné sa démission, à la suite d'un rejet par la Chambre d'un projet de loi tendant à autoriser la ville de Saint-Nazaire à l'exécution d'un canal, vient d'être réélu en entier
22 mars 1889
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Adoption de la loi déclarant d'utilité publique les travaux d'amélioration du port de Saint-Nazaire, et acceptant les offres des Chambres de commerce de Nantes et de Saint-Nazaire
8 mai 1889
Le ministre de Grèce en France, M. Delyannis, accompagné de M. Antono-poulos, va quitter Paris pour se rendre à Saint-Nazaire, où il doit présider, le 15 du courant, au nom du roi des Hellènes, au lancement de l'Idra, l'un des trois bâtiments cuirassés exécutés par la Compagnie des Forges de la Loire pour le royaume des Hellènes
8 mai 1889
René Mathurin Marie Pocard du Cosquer de Kerviler
Sous le titre de Cent ans de représentation bretonne, M. René Kerviler, l'érudit ingénieur en chef de Saint-Nazaire, vient de réunir en volume la première série des très curieuses notices qu'il publie depuis j deux ans dans la Revue de Bretagne et d'Anjou sur les députés envoyés par la Bretagne aux Etats généraux et à l'Assemblée Constituante
16 mai 1889
LE LANCEMENT DU CUIRASSÉ GREC «L'HYDRA»
Saint-Nazaire, le 15 mai 1889.
La Grèce est en train de remonter à son ancien rang de puissance maritime en procédant, avec le concours et l'appui des connaissances d'un Français, l'amiral Lejeune, à la création d'une flotte, flotte de commerce, flotte de guerre, qui si l'on en juge par le spécimen que j'ai eu sous les yeux, déterminera, au profit de ce petit, mais laborieux peuple, une assez belle influence parmi les nations les mieux outillées.
Plusieurs pays constructeurs - l'Angle- terre et l'Allemagne - avaient convoité la commande des navires de la Grèce : dame, plus d'une trentaine de millions à empocher ! - Mais on avait résolu, à Athènes, sans aucune espèce d'indécision, de s'adresser à la France, qui a de puissantes et presque d'indéracinables amitiés parmi les Hellènes; et c'est ainsi que, pour commencer, le gouvernement grec attribua la construction de trois forts cuirassés à la Société des ateliers et forges de la Méditerranée, qui a rétrocédé, depuis, à la Compagnie des ateliers et chantiers de la Loire celle du bâtiment baptisé et lancé à Saint- Nazaire, aujourd'hui.
Car c'est aujourd'hui, comme le Figaro l'avait annoncé, que cette double cérémonie a eu heu, avec le plus entier succès, en présence de S. Exc. M. Delyanni, .ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire de Grèce en France, représentant le gouvernement hellénique , et du capitaine Botzaris - un nom glorieusement légendaire-délégué spécial du ministre de la marine d'Athènes,-ainsi qu'au milieu du cortège ' de toutes les autorités administratives, militaires, maritimes et communales de l'arrondissement de Saint-Nazaire.
Les dispositions et dimensions de ce beau! cuirassé sont véritablement imposantes ; en ; voici brièvement les principales :
Longueur 101 mètres 80 centimètres ; largeur, 15 mètres 80 centimètres ; creux sur galbord, 9 mètres 05 centimètres; déplacement 4,885 tonneaux; force, 6,700 chevaux ; vitesse 17 noeuds. Il est muni de deux ma- chines à triple expansion et d'une artillerie : se composant de plusieurs canons de 27 centimètres .à 36 calibres, de 15 centimètres à 36 calibres, des canons à tir. rapide, des canons-revolvers et des tubes lance-torpilles., Entièrement cuirassé en acier, il a son pont, également cuirassé, protégé par des filets Sullivan contre les torpilles ; les 'cloisons, étanches, transversales et longitudinales, sont de toute résistance à la plus forte pression; la mâture comporte trois mâts, dont les hunes sont armées de canons à tir rapide; enfin, 496 hommes d'équipage à son bord et par- tout l'éclairage à l'électricité.
En résumé, c'est un des plus beaux spécimens de l'art français naval ; il fait le plus grand honneur à l'ingénieur de première classe, M. Dupont, qui en a conçu les plans et surveillé leur exécution, aussi bien qu'à la' France, qui a su répondre à la confiance dont . l'avait honorée la Grèce.
Les deux autres cuirassés, qui seront du même modèle, doivent être livrés, à la fin de l'année courante, au gouvernement hellénique, par la Société des forges et chantiers de la Méditerranée.
C'est à dix heures, ce matin, qu'a été célébrée la première partie - partie religieuse - de cette «cérémonie ; une messe a été dite, à bord du nouveau cuirassé, par l'archimandrite ! de l'église grecque de Marseille et c'est pendant la messe que la marraine du navire, Mme Delyannis, femme du ministre, a donné au nouveau-né le nom d'Hydra, après l'accomplissement topique des rites et formalités accoutumés. Mme Delyannis s'est montrée toute lia journée très affable et d'une grâce parfaite.
A midi, un grand déjeuner a été offert par la Compagnie de construction.
A irais heures quarante minutes, l'opération du lancement de l'Hydra, pavillon helilénique à sa corne, s'est effectuée en plein succès, au milieu d'une foule énorme et avec ile cérémonial 'usité; . et 'le navire, les cordages coupés, « a glissé et s'est avancé -majestueusement dans la mer » - vieux cliché, toujours bon... Alors, grandes démonstrations de joie, cris mêlés - non, unis ! de : « Vive la Grèce ! Vive la France ! », éclats de pétards, de bombes et d'artillerie de tout genre, .'surtout du genre assourdissant, sans compiler les « zim, boum, boum » de la musique.
Après quoi, la Compagnie de la Loire a réuni dans un lunch, où l'appétit et l'entrain se sont assis de chaque côté des convives, tout le : personnel inférieur et les ouvriers ayant pris une part quelconque à la construction de l'Hydra.
Le soir, le ministre de Grèce a offert, dans les magnifiques salons du Grand-Hôtel de Saint-Nazaire, pavoisés aux couleurs helléniques et françaises, un grand dîner, avec accompagnement final des toasts et speechs obligés, aux. autorités françaises, au haut personnel des Ateliers et Chantiers de la Loire, aux membres de la colonie hellénique de .Paris, qui s'étaient rendus, à cet effet, à Saint-Nazaire, et à plusieurs journalistes parisiens, ainsi qu'à nos confrères de Nantes et de Saint-Nazaire.
Edouard de Sutil.
26 mai 1889
Ça été presque un événement que le lancement à Saint-Nazaire du navire l'Hydra,
Aujourd'hui, du reste, tout ce qui concerna la défense - aussi bien sur terre que sur mer - intéresse au plus haut point le public.
Il n'y a plus guère que dans les airs qu'on puisse encore se dire à l'abri des coups de canon, Mais la difficulté est d'y rester longtemps, de s'y diriger, d'y vivre. Et l'ont peut affirmer que si cette. difficulté était résolue, on verrait, dès demain, des ballon armés de toutes sortes d'engins meurtriers parcourir en tous sens les routes aériennes. L'Hydra est un de ces énormes navires cuirassés qui, sur la mer, semblent de véritables édifices mouvants.
Il a été construit par les Ateliers et Chantiers de la Loire pour le compte du gouvernement grec.
Et c'est ici - il faut le noter - encore un succès pour notre industrie nationale.
Déjà, il y a deux ans., l'Espagne nous avait commandé le plus beau de ses navires de guerre : le Pelayo. La Grèce l'a imitée.
M. Delyannis,
M. Delyannis, ministre de Grèce en France, assistait à la cérémonie du lancement de l'Hydra. Le gouvernement français y était représenté par M. Glaize, préfet de la Loire-Inférieure. Après un splendide déjeuner, les invités se sont rendus sur les chantiers de la Loire.
C'est un spectacle toujours grandiose que la mise à l'eau, d'un de ces navires de colossales dimensions.
Le temps était splendide, le soleil radieux.
Les épontilles qui soutenaient l'Hydra sont tombées les unes après les autres au roule- ment du tambour : le cuirassé ne tenait plus que par Bon poids et sou dernier lien.
L'heure solennelle approche : la "savatte" est sciée ; à trois heures quarante, le navire s'ébranle lentement, majestueusement aux sons de l'Hymne national grec et aux applaudissements de la foule.
Puis, l'Hydra, portant pavillon grec à la poupe et pavillon français S l'avant, est saisi par les remorqueurs qui le conduisent dans le bassin de Saint-Nazaire.
Bien que « lège », - c'est-à-dire n'ayant pas la charge complète, - on peut déjà admirer ses formes élégantes et dire qu'il fera honneur à la marine hellénique et au chantier français qui l'a construit.