
1874
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26 août 1874
Le Maréchal Mac Mahon
SAINT-NAZAIRE 25 AOUT.
Le Maréchal Mac Mahon est parti de Vannes ce matin à sept heures vingt minutes, après s'être arrêté un quart d'heure à Redon, il est arrivé à Saint-Nazaire à dix heures quinze minutes.
La réception, quoique fort belle, a été signalée par un incident inattendu et d'où la politique n'exclut pas la gaieté. M. Fidèle Simon, le seul député de la Loire-Inférieure qui appartienne très nettement l'opinion républicaine, présent à Saint-Nazaire, n'avait pas été invité au banquet qui était préparé pour le Maréchal Néanmoins, il vint lui présenter ses hommages et fut fort bien reçu par le Maréchal, qui l'engagea vivement à prendre part au repas officiel. M. Fidèle Simon accepte; le repas commence, s'achève le député se lève et porte un toast au Maréchal.
Jusque-là tout va bien mais l'insidieux membre du centre gauche avait un discours tout préparé et avant qu'on ait pu prévoir ce qu'il allait dire il se lança sur les brisées de M. Hovius.
« Le commerce et l'industrie souffrent, dit-il en substance, parce que vos pouvoirs, monsieur le Maréchal, ne sont ni complétés ni définis. La Chambre est impuissante à faire ce que réclame la nation. Il faut qu'elle cède la place à une nouvelle Assemblée, qui sera l'expression plus exacte et plus sincère de l'opinion du pays ? Des-lors tout refleurira, le commerce et l'industrie ne souffriront plus. »
Figurer comme invité de renfort et de hasard à un repas où l'on n'a pas été prié et jeter au dessert un^ pareil brandon de discorde, c'est faire preuve de la Mus déplorable éducation M. Fidèle Simon est du centre gauche et le centre gauche a la prétention de représenter la France mieux que tout autre groupe parlementaire; vous voyez comme c'est flatteur pour la France.
Un monsieur qui se permettrait une pareille extravagance dans une maison particulière risquerait d'être mis à la porte; dans le monde officiel, on est patient.
Le Maréchal avec le flegme naturel à un homme, qui a subi tant de discours et prend les paroles pour ce qu'elles valent, a répondu brièvement que pour sa part il ferait toujours respecter les volontés de l'Assemblée qui lui avait édifié le pouvoir pour sept années.
L'incident était clos.
A quatre heures, le maréchal s'est embarqué sur un steamer envoyé par la Chambre de commerce de Nantes, pour remonter la Loire jusqu'à Nantes où il est arrivé à 6 heures du soir.
27 août 1874
Le Maréchal Mac Mahon
A SAINT-NAZAIRE
(Correspondance télégraphique du Petit Journal) Nantes, le 25 août.
Le maréchal, qui est parti ce matin de Vannes, s'est arrêté un quart d'heure à Redon, où le sous-préfet lui a présenté les autorités et les fonctionnaires; puis, après un second arrêt à Savenay, le train est entré en gare à Saint-Nazaire à dix heures un quart. La ville entière était couverte de drapeaux et de feuillages.
Les ministres du commerce et des travaux publics y étaient arrivés ce matin pour recevoir le maréchal.
Celui-ci, accompagné du ministre de la marine, du préfet de la Loire-Inférieure, du général Lallemand et des autres personnes de sa suite, a été reçu à la gare par le sous-préfet de Saint-Nazaire, M. Balleidier; par le maire de la ville, M. Cahour; les maires de Guérande et du Croisic, les conseillers généraux, etc.
Toute la population de Saint-Nazaire était sur pied et a accueilli le Maréchal par ses acclamations.
Il a d'abord été conduit à la sous-préfecture, où un appartement lui avait été préparé, puis à l'hôtel de ville, où a été servi un déjeuner de vingt-deux couverts. Les redoutes défendant Saint-Nazaire tonnaient de tous leurs canons, tandis que la fanfare des pompiers de la ville donnait un concert sur la place de l'Hôtel-de-Ville. Au déjeuner ont succédé les visites à l'hôpital et aux paquebots transatlantiques. A deux heures, le maréchal est monté sur un pyroscaphe mis à sa disposition par la Chambre de commerce de Nantes pour remonter la Loire.
Au cours du trajet, entre Saint-Nazaire et Nantes, le président de la République s'est arrêté pour visiter les ateliers d'Indret, dans l'île de ce nom. On sait que c'est un vaste établissement réunissant une fonderie de canons, des ateliers de construction de machines à vapeur, et de bâtiments pour le compte de l'Etat.
Un canon a été coulé, dans les ateliers, en présence du maréchal, qui a suivi avec intérêt le travail des ouvriers continuant tranquillement leur rude besogne pendant la visite du président de la République.
28 août 1874
LE VOYAGE PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUELe Maréchal Mac Mahon Nantes,
Le voyage du président de la République, sur la Ville-de-Bordeaux, qui l'a transporté de Saint-Nazaire à Nantes, a été des plus pittoresques.
Pendant que le bateau remontait le fleuve, on déployait devant le maréchal des cartes de la Loire, et les membres de la Chambre de commerce de Saint-Nazaire expliquaient les améliorations désirées au maréchal qui prenait un vif intérêt à ces questions locales si importantes.
Il faut ajouter que le voyage à Saint-Nazaire avait un but d'apaisement et de conciliation entre les deux villes de Nantes et de Saint-Nazaire; une rivalité assez: vive existe entre le chef-lieu de la Loire-Inférieure et sa jeune voisine, dont le développement successif porte ombrage à la cité nantaise. Le différend porte principalement sur l'agrandissement du port de Saint Nazaire et la construction d'un chemin de fer de Saint-Nazaire à Chateaubriand. Ces divers travaux tendent, suivant les Nantais, à diminuer l'importance de leur ville située en amont de Saint-Nazaire, et sont vivement combattus par eux.
Il faut espérer qu'on arrangera tout à la satisfaction des deux parties.
A l'approche de Paimbœuf le bateau ralentit sa marche.
Là, sur le quai, sur le môle, partout, une population immense. On lève les chapeaux, on agite les mouchoirs, on crie: Vive Mac-Mahon vive le maréchal!
A mesure qu'on avance, chaque bourg, chaque village, qui semblent émerger des eaux, montrent la m^me affluence enthousiaste.
Au Pellerin, sur la rive gauche, une musique salue de ses accords le steamer. A Couëron, sur la rive droite, apparaissent les premières manufactures qui s'élèvent en avant de Nantes. La population se presse sur les quais; on tire des salves de mousqueterie. Mais c'est en arrivant à Nantes que le spectacle devient unique et frappant.
En face se déploie la ligne immense des quais avec leurs belles et lourdes maisons construites dans la manière opulente de l'architecture civile du dernier siècle.
Quarante mille personnes couvrent les navires à l'ancre, les quais, les balcons, et de tous côtés on entend les cris prolongés de Vive le maréchal 1 Vive le président de la République
Le soir, le maréchal est sorti pour voir les illuminations qui étaient remarquablement belles, la ville avait consacré un crédit considérable à décorer et à illuminer les édifices publics, les fontaines, les promenades. Ce matin, après avoir visité par un temps superbe la cathédrale, la caserne et le château, le maréchal a reçu les autorités. A la réception, le maire et le président du tribunal de commerce ont lu des discours relatifs à des questions locales.
Le maréchal a dit qu'il était en garnison à Nantes, il y a quarante ans, et il a constaté les progrès accomplis par la ville.
La revue des troupes à eu lieu à une heure. Après quoi, le président delà République est ailé visiter l'usine Voruz, où se fabriquent des projectiles de guerre, puis les hospices, la raffinerie Etienne et les chantiers de construction de M. Babin-Chevaye. Un dîner officiel de soixante couverts a eu lieu à la préfecture.
A neuf heures, le maréchal Mac-Mahon est monté dans son train spécial et est parti, avec sa suite, pour Angers
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14 décembre 1874
PROJETS D'INTÉRÊT LOCAL. PREMIÈRES DÉLIBÉRATIONS.
La séance est courte pas tout à fait une heure de durée.
Durant ces cinquante-cinq minutes, l'Assemblée épuise pourtant son ordre du iour. Il est vrai que c'est en ajournant tous les projets de loi méritant discussion.
Le reste né se compose que de projets d'intérêt local, votés en peu d instants, et de premières délibérations
Première délibération sur le projet de loi tendant à autoriser le département de la Loire-Inférieure à faire à l'Etat l'avance d'une somme de 10 millions, pour assurer le prompt achèvement du bassin de Penhouët, en cours d'exécution dans le port de Saint-Nazaire.
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